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Le Rhône en 100 questions : 7-03 Quelles sont les espèces qui ont disparu ou fortement régressé ? Pourquoi ?

De Wikibardig
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Cette page fait partie du deuxième chapitre: "Le fonctionnement du fleuve", de l'ouvrage '"Le Rhône en 100 questions'", une initiative de la ZABR avec l'appui de toute l'équipe du Graie et soutenue par les instances qui ont en charge la gestion du fleuve.





Le maintien des populations de poissons dans une aire donnée dépend des facteurs hydro-climatiques, de la disponibilité des habitats et des interactions biotiques qui s’exercent entre les espèces, en particulier la compétition et la prédation. La régression des populations est le plus souvent liée à une synergie entre plusieurs facteurs, et doit être appréhendée en regard de la taille du Rhône, selon des échelles d’observation allant de un à plusieurs centaines de kilomètres.


Les espèces disparues ou en voie de disparition


L’esturgeon a complètement disparu du Rhône au cours du xxe siècle.
La présence de l’apron dans le Rhône est suspectée car la dernière capture effective date de 1985 et un individu a été capturé en 1989 à Port-Galland dans la Basse Vallée de l’Ain.


Les espèces en régression


Les aménagements Girardon et la construction de la chaîne de barrages sur le Rhône ont considérablement modifié la géomorphologie du fleuve, les conditions d’écoulement et fragmenté l’espace aquatique, affectant ainsi les populations de poissons.


  • Sur le Haut Rhône en aval de Génissiat-Seyssel, les espèces rhéophiles (qui affectionnent les courants rapides et les substrats grossiers – hotu, ombre commun, truite, vandoise, spirlin, etc.) sont quasiment absentes des retenues ou des canaux d’amenée, sauf au stade juvénile. Ces milieux ralentis offrent en effet des conditions hydrauliques et trophiques au niveau des rives qui conviennent aux juvéniles de l’année de la plupart des espèces. Les sections court-circuitées ont partiellement conservé la diversité des habitats originels du Rhône ; mais la réduction et l’uniformisation des débits ont réduit les volumes et surfaces en eau, et modifié la distribution statistique des différents types d’habitats hydrauliques. En conséquence, les densités des espèces les plus exigeantes vis-à-vis des vitesses d’écoulement ont été fortement réduites ; les exemples les plus démonstratifs sont ceux de l’ombre commun et de la truite. Des différences marquées existent entre les sections court-circuitées.
  • Le secteur de Chautagne, autrefois réputé pour sa richesse en ombres communs et en truites, a subi les plus fortes atteintes. Le hotu et la vandoise ont également fortement régressé dans ce secteur depuis la mise en service du barrage. La longueur du Rhône court-circuité est faible, il ne reçoit pas d’affluent, et les débits réservés initiaux étaient faibles (10-20 m3/s), ils ont été relevés en 2004 (50-70 m3/s). Les suivis mis en place permettront de mesurer l’évolution de la structure du peuplement après augmentation des débits.
  • La diversité des habitats dans le Vieux-Rhône de Belley, de Brégnier- Cordon et du Canal de Miribel est plus importante, et les populations moins affectées. Néanmoins, même si la régression des espèces exigeantes est sans doute moins marquée qu’en Chautagne, les densités actuelles sont sans aucun doute beaucoup plus faibles qu’à la fin du xixe siècle.
    Les aménagements (endiguement, chenalisation), l’absence ou la régression des relations entre le chenal principal et ses bras plus ou moins connectés expliquent la régression de la productivité du fleuve.
    La lote, abondante dans le secteur de Lavours où elle frayait dans les fossés, a très fortement régressé. Le toxostome a également disparu du Haut Rhône.
apron du rhone riviere de la beaume

ombre commun
  • Sur le Bas Rhône, avant aménagement, le secteur allant de la Saône à la confluence de l’Eyrieux, soit 125 km, comptait les mêmes espèces rhéophiles que le Haut Rhône. Aujourd’hui, vandoise, toxostome, blageon, lote, barbeau, chabot et truite sont devenus très rares ou absents.

Les sections court-circuitées abritent quelques populations de hotus, barbeaux, voire de blageons.
Les grands migrateurs font sans doute partie des espèces qui ont le plus fortement régressé sur le linéaire du Bas Rhône, du fait de la multiplication des grands barrages. L’alose et l’anguille sont d’autant plus abondantes que la mer est proche.


Ce qu’il faut retenir


En moins de deux siècles, les aménagements successifs du Rhône ont eu des conséquences importantes sur les caractéristiques géomorphologiques et hydrologiques du fleuve.
De profondes modifications de la structure et de la disponibilité des habitats des poissons, ont affecté la distribution et les densités de certaines espèces, telles que l’ombre commun, la truite, la vandoise, le toxostome.
Il s’agit notamment des plus ex igeante s v is-à-v is des vitesses de courant, de l’oxygénation des eaux et de la nature du substrat.



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