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Le Rhône en 100 questions : 7-08 Peut-on prévoir les effets du changement climatique sur les poissons du Rhône ?

De Wikibardig
le rhone en 100 questions multi579
Cette page fait partie du deuxième chapitre: "Le fonctionnement du fleuve", de l'ouvrage '"Le Rhône en 100 questions'", une initiative de la ZABR avec l'appui de toute l'équipe du Graie et soutenue par les instances qui ont en charge la gestion du fleuve.












La dernière décennie a été la plus chaude du siècle et la température va probablement continuer à augmenter dans le futur. Les conclusions publiées en 2007 par le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) annoncent en regard de la dernière décennie une augmentation des températures moyennes de + 1,1 à + 6,4 °C à l’horizon 2100. Parallèlement à ce réchauffement, la fréquence des évènements climatiques extrêmes (tempêtes, sécheresses et crues) devrait également augmenter.


Le suivi thermique du Rhône (voir question 02-06 « Le Rhône se réchauffe-t-il ? ») a montré une hausse remarquable des températures printanières, estivales et automnales ainsi qu’une précocité du réchauffement printanier (figure 1). Cette modification graduelle du climat se traduit par une instabilité du fonctionnement écologique de l’hydrosystème rhodanien. Les organismes, déjà soumis à de fortes pressions anthropiques, subissent des contraintes environnementales supplémentaires.


Quel est l’état des lieux ?


L’analyse des chroniques piscicoles rhodaniennes des vingt-cinq dernières années montre quatre types de modifications.

  • Les effectifs des espèces d’eau chaude (thermophiles) ayant les aires de répartition biogéographique les plus méridionales ont graduellement augmenté au détriment d’espèces d’eau froide (psychrophiles) et plus septentrionales (figure 2). Dans le secteur de Bugey, cela s’est traduit par un effondrement des abondances de la vandoise et une augmentation de celles du spirlin, du chevaine et du barbeau.
  • Parallèlement à ces changements structurels du peuplement, l’abondance totale est en forte hausse. Elle est essentiellement couplée à deux phénomènes :
    – les abondances de juvéniles de l’année sont de plus en plus importantes car le recrutement des
    cyprinidés est favorisé par la concomitance des températures élevées et des faibles débits ;
    – les abondances des espèces de petite taille, comme le spirlin et la bouvière, sont en augmentation.
    evolution saisonniere de la temperature du rhone a l amont de la centrale nucleaire de bugey
  • Au cours des vingt-cinq dernières années, trois nouvelles espèces ont été observées : le silure, le carassin argenté et le pseudorasbora. Indépendamment de ces introductions, le nombre d’espèces augmente localement. Cela résulte de l’inertie de la disparition des espèces originelles par rapport à l’apparition, par migration, d’espèces adaptées au nouveau contexte hydroclimatique. En effet, la régression des espèces originelles s’effectue graduellement, après plusieurs générations, et non brutalement. Cette augmentation de la richesse spécifique est donc transitoire.
  • Dans ce contexte changeant, l’abondance totale est de plus en plus inégalement répartie entre les espèces. Le peuplement est progressivement dominé par un petit nombre d’espèces. Cela relève d’une baisse de la biodiversité.

Quelles pourraient-être les modifications dans le futur ?


Bien que non encore enregistrées au niveau des peuplements piscicoles, l’analyse des communautés de macro-invertébrés benthiques a mis en évidence des modifications brutales des assemblages faunistiques. En particulier, des changements structurels immédiats ont accompagné la canicule de l’été 2003.
aires de repartition europeenne de deux cyprinides rheophiles du genre leuciscus

Indépendamment de ces évènements climatiques extrêmes, le changement climatique global augmente graduellement la sensibilité des communautés à la variabilité environnementale d’origine naturelle et/ou anthropique.
Cette sensibilité exacerbée peut provoquer l’altération brutale des assemblages dans un contexte environnemental ne relevant pas de situations exceptionnelles. Ces altérations auront des effets sur les peuplements de poissons.

Ce qu’il faut retenir


Les espèces thermophiles et méridionales se développent aux dépens d’espèces d’eau froide et septentrionales.
L’abondance totale augmente du fait des juvéniles et d’espèces de petite taille.
La richesse spécifique augmente transitoirement.
La répartition des abondances entre espèces est de plus en plus inégale.
La sensibilité accrue aux contraintes naturelles et anthropiques et des évènements climatiques extrêmes plus fréquents, pourraient entraîner des modifications brutales des assemblages piscicoles.



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