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Le Rhône en 100 questions : 9-11 Les conditions de réalisation d’une politique de restauration de milieu aquatique sur le Haut Rhône.

De Wikibardig
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Cette page fait partie du deuxième chapitre: "Le fonctionnement du fleuve", de l'ouvrage '"Le Rhône en 100 questions'", une initiative de la ZABR avec l'appui de toute l'équipe du Graie et soutenue par les instances qui ont en charge la gestion du fleuve.











Frontière administrative impossible à ignorer, le Rhône est aujourd’hui au coeur de projets interdépartementaux d’aménagement du territoire fluvial. Le cas du Haut Rhône aux frontières de la Savoie, de la Haute-Savoie, de l’Ain et de l’Isère semble constituer une bonne illustration de la complexité induite par l’existence d’un fleuve-frontière au sein d’un ensemble géographique cohérent.


Un projet de territoire se développe depuis plus de dix ans le long de ce tronçon de fleuve de 60 km et prend aujourd’hui un nouvel essor avec le lancement du Contrat de Projet Interrégional « Plan Rhône ». L’enjeu pour les maîtres d’oeuvre de ce projet aura été, et restera, de transformer la complexité en atout et de faire du Rhône un trait d’union pérenne entre les hommes.

Sommaire


La crue de 1990, un élément déclencheur de la coopération interdépartementale


À la mi-février 1990, le Haut Rhône français est l’objet d’une crue d’importance centennale, inédite depuis 1944. Ce fut un épisode brutal dans l’histoire du fleuve. Choqués par l’ampleur du phénomène, des élus riverains de la Savoie de l’Ain et de l’Isère cherchèrent à en savoir d’avantage sur le fonctionnement du Rhône.
Onze communes de Savoie créèrent un syndicat intercommunal de protection des berges, qui commença aussitôt à travailler avec ses deux homologues de l’Ain (13 communes) et de l’Isère (5 communes).
Les trois syndicats commanditèrent en 1991 une étude hydrologique et écologique. Sa première conclusion sera que les grandes crues, qui constituent le moteur naturel de la dynamique fluviale, ne peuvent être évitées. Confirmation est donnée que les ouvrages de la Compagnie Nationale du Rhône (CNR), construits dans les années 1980, n’ont pas vocation à réduire les crues et ont obligation de ne pas entraver l’écoulement de l’eau. C’est ainsi que les terrains inondés en 1990 seront quasiment les mêmes qu’en 1944.
Un point primordial est également porté à la connaissance des élus : d’un point de vue écologique, le fonctionnement de l’écosystème fluvial a été altéré, mais il serait possible d’y remédier, du moins en partie.


Un Schéma de Gestion du Haut Rhône dresse, en 1994, le bilan des dysfonctionnements écologiques : dans les tronçons privés de la majorité de leur eau par les aménagements hydroélectriques, le fleuve se « chenalise », ses bras secondaires, les lônes, se comblent, les milieux annexes s’assèchent et la forêt alluviale tend à se banaliser et à évoluer vers des forêts moins liées au milieu aquatique. Le Schéma de Gestion propose l’ébauche d’un programme d’action de grande envergure qui pourrait améliorer l’état écologique du fleuve. Les principales mesures proposées sont l’augmentation du débit réservé au fleuve à l’aval des barrages et le recreusement d’une vingtaine de lônes.

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vue sur le rhone et le lac du bourget du grand colombier

Un contexte favorable pour une action interdépartementale : le Programme Décennal


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La fin des années quatre-vingt-dix baigne dans un contexte global de meilleure prise en compte des questions environnementales et le concept de « développement durable » fait son chemin depuis la conférence de Rio en 1992. En 1998 est lancé le Programme Décennal de Réhabilitation Hydraulique et Écologique du Rhône.
La perspective d’une reconquête de l’environnement exceptionnel du Haut Rhône commence alors à se concrétiser dans l’esprit des élus et des techniciens, sur les deux rives du fleuve.
En 1999, sous la responsabilité des trois syndicats intercommunaux, débutent les études pour définir un programme de réhabilitation du Haut Rhône. Les trois syndicats reçoivent l’appui technique des services d’ingénierie de la CNR et de l’Agence de l’Eau. Les services de l’État demandent qu’un suivi social et économique soit intégré au projet et sollicitent la création d’un syndicat unique chargé de porter ce projet et d’être l’interlocuteur des différents partenaires.


Un Syndicat unique pour le portage politique de la réhabilitation, et davantage…


Le Syndicat du Haut Rhône (SHR) est créé en avril 2003. Il est composé des trois syndicats départementaux et de deux communes en adhésion directe. Le 20 mai est signée la convention pour la mise en oeuvre, sur cinq ans, du Programme de Réhabilitation du Haut Rhône. Le SHR s’engage dans le portage, l’animation, la coordination et la communication autour du programme, entre la confluence du Fier à l’amont et le pont de Groslée à l’aval.

Conformément à ses statuts, le SHR peut également porter tout projet relevant d’une logique de développement durable en lien avec le fleuve. Cette compétence est cohérente avec l’ambition du Programme Décennal qui souhaite, au-delà des enjeux environnementaux, inscrire les projets de restauration du milieu aquatique dans une perspective d’aménagement du territoire. Il s’agit de « valoriser la reconquête du Rhône par des initiatives locales de développement et de valorisation socio-économiques durables, qui constituent, de fait, un objectif essentiel ».


Un programme qui s’achève sur de nouvelles perspectives


Dix-sept ans après l’élément déclencheur que fut la crue de février 1990, porté par la volonté d’élus persévérants, par le travail des techniciens, et soutenus par l’intérêt des riverains, le Programme de Restauration hydraulique et écologique du Haut Rhône 2003-2008 touche à sa fin. La mise en oeuvre de ses mesures « phares » s’est achevée en 2006. Les débits minimums ont été augmentés dans les tronçons court-circuités du Rhône et 22 lônes ont été réhabilitées.
Afin d’évaluer les effets de ce programme, l’impact écologique et social de la réhabilitation continuera à être mesuré jusqu’à la fin de 2008. Des équipes pluri-discplinaires (écologues, sédimentologues et sociologues) sont chargées de déterminer si les travaux et l’augmentation des débits sont bénéfiques pour les milieux aquatiques et si, d’autre part, la restauration du fleuve motive de manière effective la ré-appropriation des espaces alluviaux par les riverains du Rhône dans leur vie quotidienne et leurs loisirs.
Dans le contexte de la fin prochaine du Programme de Réhabilitation du Haut Rhône, la signature en mars 2007 du Contrat de Projet Interrégional « Plan Rhône » apparaît comme une occasion de poursuivre, renforcer et concrétiser les habitudes de travail bâties au fil des ans entre les élus des trois départements.


À l’échelle du Haut Rhône, l’objectif de ce plan est de fédérer et d’articuler tous les projets liés au Rhône dans les domaines du tourisme, de l’environnement, du patrimoine et de la prévention du risque d’inondation. La prise en compte d’un espace géographique de grande dimension et des interactions entre l’ensemble des compartiments formant la mosaïque du paysage de cette région, permettront la mise en place d’une gestion intégrée probablement très efficace tant d’un point de vue écologique que socio-économique.


L’élaboration d’un « Schéma de développement durable du Haut Rhône de Seyssel à Groslée », en cours à la date de rédaction de cet article, est déjà l’occasion de créer de nouveaux lieux de débat et de réflexion où se réunissent les élus, les techniciens et les acteurs de l’économie locale des territoires riverains du fleuve dans quatre départements.
La question de l’association des personnes habitant de part et d’autre du fleuve à cette réflexion mérite enfin d’être posée. La prise de conscience environnementale de chaque individu, souhaitée de toute part dans le contexte actuel, est grandement tributaire de sa perception du pouvoir de ses propres actes sur son environnement.
Cette perception peut être aidée par le biais de dispositifs de sensibilisation « descendants » comme le journal Ô Rhône du SHR.

La mise en place d’outils « ascendants » et pérennes de consultation, comme le questionnaire distribué et recueilli par l’Agence de l’Eau dans le cadre de la Grande Consultation sur l’Eau (un outil ascendant mais non pérenne) serait sans doute une piste à explorer si la volonté se faisait jour, au sein des organes locaux décisionnels interdépartementaux, de mobiliser plus directement les riverains sur les questions liées au fleuve.


Ce qu’il faut retenir


La crue du Haut Rhône de 1990 a été le déclencheur d’une dynamique interdépartementale. Des études, commanditées par des élus locaux de trois départements, ont mis en évidence de profonds disfonctionnements écologiques.
Avec l’appui des institutions et de scientifiques, un programme de réhabilitation du fleuve a été élaboré.
Sa mise en oeuvre, portée localement, a permis une amélioration de la qualité des milieux aquatiques.

En 2007, les intercommunalités riveraines souhaitent poursuivre la dynamique et se saisissent notamment du « Plan Rhône » pour élaborer un nouveau projet de territoire.



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