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Wikibardig:Barrage poids : Différence entre versions

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(Références)
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Les barrages poids comme leur nom l'indique sont assez lourds pour résister à la pression de l'eau. A l'origine, ils étaient faits en maçonnerie de pierre et de mortier. Actuellement, ils sont construits en béton massif ou compacté. Ils représentent environ 15 % des grands barrages (source CIGB - septembre 2012).
 
Les barrages poids comme leur nom l'indique sont assez lourds pour résister à la pression de l'eau. A l'origine, ils étaient faits en maçonnerie de pierre et de mortier. Actuellement, ils sont construits en béton massif ou compacté. Ils représentent environ 15 % des grands barrages (source CIGB - septembre 2012).
  
*[[Utilisateur:Martine wolff/brouillon Wikibardig: Maçonnerie|Maçonnerie]]
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*[[Wikibardig: Maçonnerie|Maçonnerie]]
*[[Utilisateur:Martine wolff/brouillon Wikibardig: Béton Conventionnel Vibré (BCV)|Béton Conventionnel Vibré (BCV)]]
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*[[Wikibardig: Béton Conventionnel Vibré (BCV)|Béton Conventionnel Vibré (BCV)]]
*[[Utilisateur:Martine wolff/brouillon Wikibardig: Béton Compacté au Rouleau (BCR)|Béton Compacté au Rouleau (BCR)]]
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*[[Wikibardig: Béton Compacté au Rouleau (BCR)|Béton Compacté au Rouleau (BCR)]]
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Les barrages poids-voûte sont en fait des barrages poids. Ils ont une forme légèrement arquée qui autorise un report partiel de contraintes sur les appuis latéraux Ce type de barrage convient bien dans une vallée modérément large dont le rocher n’a pas la qualité suffisante pour  reprendre totalement les poussées. Les premiers poids-voûte datent de la fin du XIXe siècle, en Angleterre et en France, où l’on cherchait surtout, grâce à la forme voûte, à refermer les fissures amont et à empêcher ainsi le développement des sous-pressions dans le corps du barrage.
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[[File:Bourne.jpg|400px|link=]]            [[File:St Martin de Londres.jpg|400px|link=]]
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''Barrages poids voûte en maçonnerie de la Bourne (26) construit en 1870, et de Saint- Martin de Londres (34) construit en 1923. Photos Irstea''
  
 
Les différentes étapes de la conception réalisation d'un barrage poids sont détaillées dans les pages ci-dessous:   
 
Les différentes étapes de la conception réalisation d'un barrage poids sont détaillées dans les pages ci-dessous:   
 
*[[Wikibardig:Technologie des barrages poids|Technologie des barrages poids]]
 
*[[Wikibardig:Technologie des barrages poids|Technologie des barrages poids]]
 
*[[Wikibardig:Qualités requises et traitement de la fondation|Qualités requises et traitement de la fondation]]
 
*[[Wikibardig:Qualités requises et traitement de la fondation|Qualités requises et traitement de la fondation]]
*[[Wikibardig:Méthode de construction|Méthode de construction (BCR)]]
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*[[Wikibardig:Méthode de construction (BCR)|Méthode de construction (BCR)]]
*Phénomènes agissants sur les barrages poids (CIGB n°93, 1994)
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===Méthode de construction===
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Les barrages poids peuvent être affectés par les [[Wikibardig:Phénomènes agissant sur les barrages poids|modes de dégradation]] suivants :
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*[http://wikibardig.developpement-durable.gouv.fr/index.php/Wikibardig:Ph%C3%A9nom%C3%A8nes_agissant_sur_les_barrages_poids#Vieillissement Vieillissement];
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*[http://wikibardig.developpement-durable.gouv.fr/index.php/Wikibardig:Ph%C3%A9nom%C3%A8nes_agissant_sur_les_barrages_poids#Dissolution_et_.C3.A9rosion Dissolution ou érosion] ;
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*[http://wikibardig.developpement-durable.gouv.fr/index.php/Wikibardig:Ph%C3%A9nom%C3%A8nes_agissant_sur_les_barrages_poids#Gonflement_interne Gonflement interne].
  
La technique actuelle qui prédomine dans la construction des barrages poids est celle du béton compacté au rouleau (BCR). Nous allons donc dans cette partie, résumer les étapes de construction pour ces ouvrages.
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==Références==
  
Les étapes pour la construction d’un barrage poids en BCR comprennent : les installations de chantier, la dérivation de la rivière, la réalisation des fouilles, leur traitement éventuel, la construction du barrage, des évacuateurs de crues, des ouvrages de vidange, l’achèvement de la crête du barrage et des ouvrages auxiliaires, l’enlèvement des installations de chantier et finalement la remise en état des lieux (PEYRAS, BOISSIER & CARVAJAL, 2010).
+
Carrere A. (1994). Barrages. Techniques de l’ingénieur, traité de construction.
  
Nous allons nous intéresser uniquement à la construction du corps du barrage.
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CFBR (Comité français des barrages et réservoirs), 2012. Groupe de travail « Calcul des barrages poids » - Recommandations pour la justification de la stabilité des barrages poids – Propositions et recommandations. 117p.  : http://www.barrages-cfbr.eu/Recommandations.html
====Fabrication, transport et mise en place du BCR====
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PEYRAS et al. (2010) précisent ces trois étapes :
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CIGB (Commission Internationale des Grands Barrages), 1994. - Bulletin 93 - Vieillissement des barrages et des ouvrages annexes.
  
- centrales de fabrication :
+
Degoutte G., Mercklé S., 2014 – Cours ISBA (Institut Supérieur du Béton Armé) – Chapitre 5 – Barrages poids.
  
La variabilité de la qualité du béton pendant sa fabrication dépend fortement de la qualité du malaxage du fait que les teneurs en eau et en ciment sont généralement faibles. En outre, un temps excessif de malaxage peut conduire à une perte excessive d’eau et au concassage des granulats.
+
Godart & Divet (2000). Ouvrages d’art n°34 mai 2000 « une nouvelle réaction de gonflement interne des bétons : la réaction sulfatique ».
 
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- moyens de transport du BCR :
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La méthode la plus courante est le transport par camions ; le tapis transporteur du point de déchargement jusqu’à l’emplacement du bétonnage est également utilisé.
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- mise en place du BCR :
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Après le déchargement sur la zone de mise en place, le BCR est étalé au moyen d’un bulldozer ou d’une niveleuse en couche mince, avec une épaisseur de l’ordre de 30cm. Un compacteur lourd assure le serrage final de la surface principale de la couche et un petit compacteur est utilisé pour le serrage des bordures périphérique.
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====Compactage du BCR====
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Lors du compactage des matériaux, le compacteur doit prendre en compte plusieurs points importants (PEYRAS et al. 2010) :
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- la nature des granulats :
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Suivant la nature des granulats roulés ou concassés, la puissance du compacteur doit être ajustée afin d’éviter la désorganisation de surface ou le reconcassage.
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- la teneur en eau :
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L’eau agit comme lubrifiant, facilitant le compactage et augmente la densité en remplissant les vides. Cependant un excès d’eau diminue la densité du BCR.
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- la teneur en éléments fins :
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Dans le cas d’excès de fines, la perméabilité diminue et tout excès d’eau conduit à un matelassage au passage du compacteur. Dans le cas d’un déficit de fines, la densité obtenue ne peut être optimale par déficit de remplissage et le compactage doit être plus énergétique pour pallier le manque de lubrification.
+
====Reprise de bétonnage====
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Une des caractéristiques principales d’un barrage en BCR est l’importance du nombre de reprises de bétonnage (ou joints) entre deux couches de BCR. Ces joints constituent des zones faibles en termes de résistance mécanique et de perméabilité. La qualité de l’adhérence entre deux couches de BCR résulte de deux phénomènes : la liaison (chimique) par le liant et la pénétration des granulats de la nouvelle couche sous la surface de la couche précédemment mise en place (BaCaRa, 1996).
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- Les types de reprises de bétonnage :
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Les reprises sont classées en trois catégories : chaudes, froides ou tièdes.
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Les reprises chaudes correspondent au cas de recouvrement de la couche sous-jacente avant prise de celle-ci. Il y a alors pénétration de granulats de la couche supérieure dans la couche inférieure et recompactage de cette dernière avant sa prise.
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Les reprises froides correspondent au cas où le recouvrement a lieu après durcissement de la couche inférieure et où on peut enlever, par de l’eau ou de l’air sous pression, le mortier de surface sans déchausser les granulats. Les reprises froides ont lieu lorsque l’arrêt de la mise en place du BCR dure plusieurs jours.
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Les reprises tièdes se caractérisent par le fait que l’arrêt du bétonnage est suffisamment long pour que les granulats de la couche supérieure ne puissent pas pénétrer dans la couche inférieure, mais trop court pour pouvoir enlever le mortier de surface sans déchausser les gros granulats et pour compacter la couche supérieure sans endommager la couche inférieure qui se trouve à un stade avancé de la prise.
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- La qualité des reprises de bétonnage :
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Elle peut varier suivant divers facteurs : le type de liant et son dosage, l’âge de la couche inférieure, la température du BCR à la mise en place, les modalités de compactage, les conditions extérieures (soleil, vent, pluies…)…
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====Réception du barrage====
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La réception d’un barrage est basée sur les contrôles réalisés pendant la construction, mais également sur des contrôles complémentaires. Ainsi, des carottages sont réalisés dans le corps du barrage et peuvent être descendus jusqu’à la fondation.
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Les carottes extraites font principalement l’objet d’essai de résistance à la compression. Les forages permettent également la réalisation de mesures de perméabilité du corps du barrage.
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===Phénomènes agissants sur les barrages poids (CIGB n°93, 1994)===
+
 
+
La dégradation des barrages et de leurs ouvrages annexes est un souci pour les projeteurs, les constructeurs et les exploitants. Cette préoccupation concerne toute la vie des ouvrages, depuis leur construction jusqu’à leur abandon ou leur démolition. La description des ces phénomènes est donc primordiale pour comprendre et analyser les modes de ruptures et de dégradations liés aux barrages poids.
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Le tableau suivant synthétise les phénomènes qui ont lieu sur les différents composants du barrage.
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<!---[[File:Phénomènes agissant sur composants bar poids.PNG|400px]]<span style="color:#ff0000"> Phénomènes agissant sur les composants des barrages poids à revoir </span>--->
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{| class="wikitable centre"
+
! Composants !!colspan="3"| PHENOMENES AGISSANT SUR LES BARRAGES POIDS
+
|-
+
! !! Vieillissement !! Gonflement interne !! Dissolution et érosion
+
|-
+
|  '''Parement amont''' :<br/> Étanchéité corps du barrage  || align="center" | X ||  || 
+
|-
+
| '''Crête''' ||  align="center" | X|| align="center" | X || 
+
|-
+
| '''Corps du barrage''' ||  || align="center" | X || align="center" | X
+
|-
+
| '''Système de drainage Corps du barrage''' || align="center" | X ||  || 
+
|-
+
| '''Tirants''' || align="center" | X ||  ||
+
|-
+
| '''Fondation''' ||  ||  || align="center" | X
+
|-
+
| '''Rideaux d'injection''' :<br/> Étanchéité des fondations || align="center" | X ||  || align="center" | X
+
|-
+
| '''Système de drainage des fondations'''|| align="center" | X ||  ||
+
|}
+
====Vieillissement====
+
 
+
- Rideaux d’injection et réseaux de drainage :
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Le vieillissement des rideaux d’injection et des réseaux de drainage d’un barrage poids constitue un cas particulier du mécanisme de dissolution et d’érosion.
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+
Le vieillissement des rideaux d’injection résulte le plus souvent d’un défaut de conception, en particulier d’une mauvaise adéquation entre les matériaux injectés et l’agressivité des eaux. Cela conduit alors à la dissolution du coulis d’injection par réaction chimique. Pour limiter ce processus, on améliore la résistance des coulis de ciment par des additifs minéraux appropriés au contexte tels que la bentonite, les cendres volantes, les pouzzolanes, etc. Il est parfois nécessaire de recourir à des résines acryliques ou de silicates.
+
 
+
La dégradation des rideaux d’injection peut être également due à une réalisation inadaptée : pression d’injection, volume injecté, densité des injections, profondeur… Cela conduit alors à des percolations à travers la zone de la fondation traitée ou au contournement du rideau d’injection en profondeur ou en rive.
+
 
+
Quant au vieillissement des réseaux de drainage, il résulte d’un dispositif inadapté ou mal exécuté (densité de forages, profondeur et diamètre des drains, exutoire, etc.) ou du colmatage des drains par dépôt des produits de la dissolution ou de l’érosion des fondations.
+
 
+
Le mécanisme de vieillissement des rideaux d’injection et des réseaux de drainage peut être détecté par une augmentation de la piézométrie dans la fondation, liée aux percolations dans la partie en aval du rideau d’injection ou du réseau de drainage. En outre, le vieillissement du voile d’injection va se traduire par une augmentation des débits de drainage et, a contrario, le vieillissement des réseaux de drainage par leur diminution.
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- Parement amont :
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Les principaux agents extérieurs susceptibles de conduire au vieillissement des revêtements amonts sont les suivants :
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'''Le gel-dégel''' : il intéresse la zone supérieure de la retenue où le marnage se produit.
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'''Les gradients thermiques''' : les fortes et rapides variations de température ambiante provoquent des contraintes élevées sur le revêtement amont. Ces sollicitations thermiques peuvent entraîner la déformation du revêtement amont en membranes souples ou la fissuration d'un masque amont en béton. Ces phénomènes se produisent sur la partie non immergée du barrage, qui n'est pas protégée par l’eau de la retenue.
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'''Les eaux pures''' : ce processus chimique correspond à l’attaque des revêtements amonts, en béton ou en maçonnerie, par les eaux agressives. Les dégradations des revêtements par les eaux pures se produisent sur toute la hauteur du parement, y compris la partie immergée.
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La photo ci-dessous donne un exemple de dégradation du parement amont en maçonnerie jointoyée. Le mortier assurant le jointoiement des pierres en granit est progressivement attaqué par les eaux faiblement minéralisées, le cycle moyen de réfection des joints étant de 30 ans. La photographie est prise retenue vide, avant la campagne de réfection des joints.
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[[File:dégrad parement amont maçonnerie jointoyée.PNG|400px]]Dégradation du parement amont en maçonnerie jointoyée (PEYRAS, 2003)
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'''Les sous-pressions''', apparaissant à l’arrière des revêtements amont lors de la baisse du niveau de la retenue, sont susceptibles de décoller par cloquage les enduits (ciment, mortier…).
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'''Divers agents environnementaux''' : les UV, l’action mécanique des flottants ou encore les glaces peuvent dégrader les revêtements souples en géomembrane.
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- Les tirants :
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La principale cause de vieillissement des tirants est la corrosion. Les tirants sont souvent dans un milieu saturé, et le remplissage des gaines peut être défaillant, surtout dans le cas d’ouvrages anciens. Les ancrages extérieurs sont particulièrement vulnérables.
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Le fluage du béton et de l’acier des tirants peut conduire à une perte progressive de précontrainte, qui s’accompagne de déformations anormales, puis de fissurations, pour aboutir à la ruine de l’ouvrage si on n’intervient pas à temps (CIGB n°93, 1994).
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====Dissolution et érosion====
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Le mécanisme de dissolution et érosion met en jeu des réactions chimiques entre les composants du corps du barrage ou de la fondation et les eaux d’infiltration.
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Ces attaques chimiques se traduisent par la dissolution des matériaux (béton ou maçonnerie pour le corps du barrage et masse rocheuse, rideaux d’injection, coulis pour les fondations). Ensuite, la circulation d’eau conduit au transport des particules dissoutes puis peut provoquer l’érosion des matériaux et leur entraînement vers l’aval.
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+
La réaction de dissolution est principalement influencée par les caractéristiques chimiques des eaux d'infiltration provenant de la retenue. A ce titre, des eaux pures ou très faiblement minéralisées, telles qu’on les rencontre dans les retenues en zone de montagne, sont particulièrement agressives. Egalement, les caractéristiques du corps du barrage et de la fondation (type de béton, type de roche, qualité des coulis d’injection, etc.) déterminent sa capacité à résister aux réactions chimiques produites par les eaux d’infiltration.
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- Pour le corps du barrage :
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Ce mécanisme se manifeste par des granulats apparents sur le parement amont, des dépôts et des efflorescences blanchâtres de carbonate de calcium dans les galeries, sur le parement aval et le long des joints.
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[[File:efflorescences blanchatre parement amont.PNG|400px]]Efflorescences blanchâtre sur parement amont - photo-Irstea
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A long terme, l’effet principal de ce mécanisme est une perte de matériaux par dissolution puis érosion, pouvant conduire, si la perte de poids est importante, à une diminution sensible des critères de stabilité. La dissolution des matériaux induit une augmentation de la perméabilité du barrage, conduisant à une augmentation des débits de drainage (alimentant le mécanisme de dissolution) et des sous-pressions (contribuant à diminuer à nouveau les critères de stabilité).
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- Pour les fondations :
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La dissolution et l’érosion des matériaux entraînent une diminution de l’étanchéité de la fondation (c’est-à-dire une augmentation de la perméabilité), et par conséquent, une augmentation des infiltrations et des pressions interstitielles. Par ailleurs, l’altération et la perte des matériaux par dissolution et érosion diminuent la résistance mécanique des fondations, pouvant conduire à leur déformation, puis à celle du barrage.
+
====Gonflement interne====
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Les réactions de gonflement interne comprennent essentiellement l’alcali-réaction et la réaction sulfatique interne.
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-''L’alcali-réaction''
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L'alcali-réaction est une réaction chimique entre les alcalins contenus dans la phase liquide interstitielle du béton et les granulats du béton. Elle correspond à une attaque des granulats par le milieu basique du béton et provoque la formation de gel de réaction, dont l'expansion peut engendrer un gonflement. Le gonflement met en compression les granulats et en traction le ciment qui finit par se fissurer.
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+
La réaction d’alcali-granulats est due à l'influence simultanée de plusieurs paramètres que nous pouvons regrouper en trois ensembles :
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- '''les propriétés des matériaux''' : granulats, ciments.
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+
Cette réaction nécessite la présence de produits réactifs dans les granulats (minéraux ou roches réactifs).
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- '''les effets extérieurs''' : humidité, température et contraintes de compression.
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Une humidité relative importante (80% ou plus) est très favorable à l'alcali-réaction. A un moindre niveau, la vitesse de la réaction chimique augmente avec la température.
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- '''le temps''' :
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Les fissures apparaissent à des pas de temps variables. L'expansion du béton peut être progressive ou se produire tardivement mais alors brutalement.
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Les effets du gonflement sur un plot d'un barrage poids sont les suivants :
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- '''des déformations''' :
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Un barrage étant confiné selon l'axe de sa crête, il se produit toujours un déplacement en crête vers le haut. Par ailleurs, on observe le plus souvent un déplacement axial, vers l’amont ou l’aval selon la configuration du site et de l’ouvrage.
+
 
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- '''la fissuration''' :
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Un premier type de fissures liées au gonflement se produit dans la masse du béton et apparaît en surface sous forme de faïençage à mailles plus ou moins larges ou en étoiles. Ces fissures favorisent la pénétration d'eau et l'action des sous-pressions. Ces infiltrations, combinées au confinement, continuent à alimenter le gonflement et peuvent alors entraîner un deuxième type de fissures plus profondes : les fissures structurales.
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- '''des exsudats blanchâtres''' formés de calcite et parfois de gels translucides.
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-''Les ettringites différées'' (GODART & DIVET, 2000) :
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La réaction sulfatique interne, sans faire appel à une source extérieure de sulfate, provoque un gonflement du matériau qui engendre une fissuration de la structure. Le moteur de cette réaction est la formation d’ettringite, un minéral dont la création au sein du béton s’accompagne d’un gonflement significatif.
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L’ettringite est un trisulfoaluminate de calcium hydraté dont la formation nécessite la consommation d’une grande quantité d’eau.
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Normalement, l’ettringite est un minéral qui se forme au moment de la prise du béton (on parle alors d’ettringite primaire), et celle-ci ne crée pas de pathologie car sa formation se fait à un moment où le béton a encore une certaine viscosité. Par contre, lorsque l’ettringite se forme ultérieurement (on parle alors d’ettringite différée), son expansion se produit au sein d’un matériau organisé et mécaniquement rigide, et les forces d’expansion sont telles que le béton se fissure en traction.
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Dans l’état actuel des connaissances sur cette réaction sulfatique, deux causes peuvent être avancées :
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- soit l’ettringite primaire n’a pas pu se former au moment de la prise (essentiellement parce qu’une température élevée a été atteinte lors de la prise), et des sulfates se trouvent à l’état « libre » ; ceux-ci sont alors susceptibles d’être remobilisés pour former de l’ettringite secondaire ;
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- soit l’ettringite primaire a pu se former, mais les conditions de température élevée ont provoqué sa dissolution partielle, ce qui conduit également à un apport en sulfates « libres » dans la solution interstitielle du béton.
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==Références==
+
 
+
Carrere A. (1994). Barrages. Techniques de l’ingénieur, traité de construction.
+
  
CFBR (2006). Groupe de travail « Calcul des barrages poids » - Recommandations pour la justification de la stabilité des barrages poids – Propositions et recommandations. Comité français des barrages et réservoirs. 62p.
+
Ministère de l’agriculture, Direction de l’aménagement (1977). Techniques des barrages en aménagement rural. 325p., réédition 1989.
  
CIGB n°93 (1994). Bulletin 93 – Ageing of dams and appurtenant works – Review and recommendation.CIGB 237p.
+
Ministère de l’Industrie (2003)- service technique de l’Energie Electrique et de Grands Barrages. « Classification des barrages vis-à-vis des séismes » version décembre 2003.  
  
Degoutte G. (2010). Conception des barrages. 252p.
+
Peyras, L. - 2003. Diagnostic et analyse de risques liés au vieillissement des barrages, développement de méthodes d'aide à l'expertise. Doctorat spécialité Génie civil, école doctorale des sciences pour l'ingénieur, laboratoire d'études et de recherches en mécanique des structures (LERMES), Université Blaise Pascal, Clermont II. 254 p.
  
Godart & Divet (2000). Ouvrages d’art n°34 mai 2000 20p « une nouvelle réaction de gonflement interne des bétons : la réaction sulfatique ».
+
Peyras L., Boissier D. & Carvajal C. (2010). Analyse de risques et fiabilité des barrages, application aux barrages poids en béton.
  
Ministère de l’agriculture (1977). Techniques des barrages en aménagement rural. Direction de l’aménagement - Groupe de travail permanent pour les barrages en aménagement rural. 325p.
 
  
Ministère de l’Industrie (2003). « Classification des barrages vis-à-vis des séismes » version décembre 2003 élaboré par un groupe de travail animé par le service technique de l’Energie Electrique et de Grands Barrages du Ministère de l’Industrie.
+
[[File:Image-retour-Visite Guidée.png|20px|link=Modèle:Portail:Wikibardig/Visite guidée]] ''Pour revenir au menu « [[Modèle:Portail:Wikibardig/Visite guidée|Visite guidée]] »''
  
Peyras L. (2003). Diagnostic et analyse de risques liés au vieillissement des barrages – Développement de méthode d’aide à l’expertise. Spécialité Génie civil. Université Blaise Pascal – Clermont II.
+
Pour plus d'information sur l'auteur : [http://www.irstea.fr/la-recherche/unites-de-recherche/recover/geomecanique-genie-civil Irstea - UR RECOVER - Equipe G2DR]
  
Peyras L., Boissier D. & Carvajal C. (2010). Analyse de risques et fiabilité des barrages, application aux barrages poids en béton
+
{{Auteur|NomAuteur=Irstea - UR RECOVER - Equipe G2DR}}
  
 
[[Catégorie:Conception/Réalisation|{{PAGENAME}}]]
 
[[Catégorie:Conception/Réalisation|{{PAGENAME}}]]
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[[Catégorie:Types_de_barrages|{{PAGENAME}}]]

Version du 12 septembre 2017 à 10:31

Sommaire

Barrage poids

Les barrages poids comme leur nom l'indique sont assez lourds pour résister à la pression de l'eau. A l'origine, ils étaient faits en maçonnerie de pierre et de mortier. Actuellement, ils sont construits en béton massif ou compacté. Ils représentent environ 15 % des grands barrages (source CIGB - septembre 2012).

Les barrages poids-voûte sont en fait des barrages poids. Ils ont une forme légèrement arquée qui autorise un report partiel de contraintes sur les appuis latéraux Ce type de barrage convient bien dans une vallée modérément large dont le rocher n’a pas la qualité suffisante pour reprendre totalement les poussées. Les premiers poids-voûte datent de la fin du XIXe siècle, en Angleterre et en France, où l’on cherchait surtout, grâce à la forme voûte, à refermer les fissures amont et à empêcher ainsi le développement des sous-pressions dans le corps du barrage.

Bourne.jpg St Martin de Londres.jpg

Barrages poids voûte en maçonnerie de la Bourne (26) construit en 1870, et de Saint- Martin de Londres (34) construit en 1923. Photos Irstea

Les différentes étapes de la conception réalisation d'un barrage poids sont détaillées dans les pages ci-dessous:

Les barrages poids peuvent être affectés par les modes de dégradation suivants :

Références

Carrere A. (1994). Barrages. Techniques de l’ingénieur, traité de construction.

CFBR (Comité français des barrages et réservoirs), 2012. Groupe de travail « Calcul des barrages poids » - Recommandations pour la justification de la stabilité des barrages poids – Propositions et recommandations. 117p.  : http://www.barrages-cfbr.eu/Recommandations.html

CIGB (Commission Internationale des Grands Barrages), 1994. - Bulletin 93 - Vieillissement des barrages et des ouvrages annexes.

Degoutte G., Mercklé S., 2014 – Cours ISBA (Institut Supérieur du Béton Armé) – Chapitre 5 – Barrages poids.

Godart & Divet (2000). Ouvrages d’art n°34 mai 2000 « une nouvelle réaction de gonflement interne des bétons : la réaction sulfatique ».

Ministère de l’agriculture, Direction de l’aménagement (1977). Techniques des barrages en aménagement rural. 325p., réédition 1989.

Ministère de l’Industrie (2003)- service technique de l’Energie Electrique et de Grands Barrages. « Classification des barrages vis-à-vis des séismes » version décembre 2003.

Peyras, L. - 2003. Diagnostic et analyse de risques liés au vieillissement des barrages, développement de méthodes d'aide à l'expertise. Doctorat spécialité Génie civil, école doctorale des sciences pour l'ingénieur, laboratoire d'études et de recherches en mécanique des structures (LERMES), Université Blaise Pascal, Clermont II. 254 p.

Peyras L., Boissier D. & Carvajal C. (2010). Analyse de risques et fiabilité des barrages, application aux barrages poids en béton.


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