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L'extension urbaine des zones côtières

De Wikibardig
Site internet du RFRC : Réseau Français de Recherche Côtière

Sommaire

Pourquoi mesurer la surface de sol aménagée sur les côtes ?

Evolution de la surface des sols artificialisés le long des côtes européennes entre 1990 et 2000 (source : EEA)

L'extension des surfaces aménagées a un impact important sur l'environnement en raison de l'imperméabilisation des sols et des nuisances résultantes du transport, du bruit, de l'utilisation des ressources naturelles, des rejets de déchets et de la pollution. Les réseaux de transport qui connectent les villes contribuent à la fragmentation et à la dégradation des paysages naturels. L'intensité et la forme du développement urbain résultent de trois facteurs : le développement économique, la demande de logements, et l'extension des réseaux de transport. Bien que le principe de subsidiarité délègue aux échelons nationaux et régionaux la planification spatiale, la plupart des politiques européennes ont un impact direct ou indirect sur le développement urbain.

L'indicateur utilisé dans cet article est l'un des 6 indicateurs proposés pour mesurer l'efficacité des politiques menées dans le but d'atteindre le premier objectif de la recommandation européenne sur l'implémentation de la GIZC : le contrôle approprié du développement des côtes.

L'occupation des sols des zones côtières

Vue d'ensemble

Evolution de la surface des sols artificialisés en Catalogne

Des modifications significatives de l'aménagement des sols ont pu être observées pendant la dernière décennie dans une bande de 10 kilomètres autour des côtes, au bord de chacune des cinq mers régionales européennes. En général, la surface de sol artificialisé a beaucoup augmenté, surtout sur les côtes méditerranéennes (804 km2) et atlantiques (690 km2). Autour de la mer du Nord, l'augmentation a été plus faible (235 km2), tout comme c'est le cas autour de la mer Baltique (142 km2) et de la mer Noire (112, la plus faible des augmentations).

Relativement à la surface du littoral observé, l'augmentation des surfaces de sol artificialisé a été de 15% sur la côte atlantique, de 10% sur la côte méditerranéenne, de 8% près de la mer du Nord, de 5% sur la côte baltique et de 2,5% autour de la mer Noire. Ces variations sont les plus importantes qui sont mesurées sur l'ensemble des bassins versants.

Surface des sols artificialisés à 1 km de la côte en 2000 (source : EEA)

La croissance des surfaces urbaines artificialisées se poursuit encore aujourd'hui. Pendant la période 1990-2000, celles-ci ont été le plus rapide au Portugal (34%), en Irlande (27%), en Espagne (18%), suivis par la France, l'Italie et la Grèce. Les côtes les plus affectées sont celles de l'Ouest de la Méditerranée. A moins de 10 kilomètres de la côte, les surfaces urbaines prédominent dans le premier kilomètre proche de la mer. Dans certaines régions de Belgique, d'Italie, de France et d'Espagne, les zones urbaines artificialisées représentent plus de 45% de la bande de 1 kilomètre. Dans ces régions, les extensions futures doivent se réaliser vers l'intérieur des terres. En 2000, la part totale des surfaces artificialisées était de 25% plus importante sur les côtes qu'en moyenne à l'intérieur des terres. Entre 1990 et 2000, les observations sur les côtes européennes montrent que la croissance de ces régions est aussi environ 33% plus rapide qu'à l'intérieur.

Considérations locales

Surface des sols artificialisés (source : Deduce)

Les études actuelles montrent que les surfaces artificialisées sont beaucoup plus importantes au proche voisinage du trait de côte (bande de 1 kilomètre) que plus loin (bande de 10 kilomètres). Le premier kilomètre constitue donc la zone qui subit la plus forte pression, très intense dans certaines régions, en particulier près de la mer Méditerranée (Catalogne, Malte où le taux de croissance des surfaces artificialisées a été de 3% entre 1990 et 2000).

Surface des sols artificialisés en Lettonie (source : Deduce)

Une part importante de la côte atlantique française est aussi intensément occupée, même sur les falaises plus sauvages de Bretagne. Néanmoins, les tendances actuelles semblent montrer que les nouvelles constructions s'éloignent de la côte. Le littoral immédiat est conservé pour le développement du tourisme alors que les régions intérieures voisines abritent maintenant les populations locales. La plupart de ces habitants continuent à exercer une activité professionnelle dans les villes côtières ou en lien avec le tourisme.

Beaucoup de côtes de la mer du Nord connaissent ce phénomène d'artificialisation intense. Les côtes sont en moyenne artificialisées à 16% en 2000, à comparer aux 10% des régions intérieures. On dénote de fortes disparités suivant les régions. L'Essex (Royaume-Uni) et la province de Zeeland (Pays-Bas) font partie des côtes les moins urbanisées (10% et 4% respectivement). La proportion des terres artificialisées dans le hinterland de Zeeland est plus élevée (7%) et augmente plus rapidement que dans les autre communes au bord de la mer du Nord. Les zones côtières de la province de Vlaanderen (27%) et du Nord Pas-de-Calais (26%) sont très urbanisées. Le taux d'urbanisation des zones côtières est 1,32 fois supérieur à celui du hinterland.

La situation est différente sur les côtes baltiques en raison de la part plus réduite des sols artificialisés en zones côtières par rapport aux côtes méditerranéennes ou même atlantiques.

Politique de gestion pour une côte durable

L'Europe est l'un des continents les plus urbanisés, avec 70% de sa population qui habite actuellement dans les villes tandis que les aires urbaines représentent quelques 25% de la surface totale du territoire (et ont une densité de population de 117,5 habitants/km2. En 2020, près de 80% des Européens vivront en ville. En plus de cette croissance de la population urbaine, l'Europe assiste à un étalement des villes, qui se produit lorsque la vitesse d'utilisation des sols pour les besoins urbains dépasse le taux de croissance de la population. Ce phénomène est un sujet de préoccupation majeur pour les décideurs publics.

Pendant le dernier siècle, l'urbanisation côtière s'est considérablement accélérée et les villes côtières se sont étendues rapidement, avec de lourdes conséquences sur les écosystèmes côtiers et marins, sans se soucier de la préservation de l'environnement côtier dans une perspective de développement durable.

L'indicateur sur le taux d'artificialisation des sols fournit une information adéquate pour améliorer l'aménagement et la gestion du territoire sur les zones côtières européennes, qui font partie des régions les plus vulnérables sur le plan environnemental.

Conclusions

  • Dans les décennies passées, la surface des sols aménagés s'est constamment accrue en Europe.
  • Dans les pays d'Europe de l'Ouest, l'extension des zones construite a été plus rapide que la croissance de la population.
  • Un développement intensif a lieu à proximité du trait de côte et impacte les riches biotopes côtiers qui constituent une barrière aux courants marins entre le littoral et la mer.
  • La proximité des zones urbaines denses à la mer implique une extrême vulnérabilité des constructions aux tempêtes, inondations et autres événements extrêmes.

Références

  • Deduce : projet européen sur le développement durable des zones côtières


Le créateur de cet article est François Hissel
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