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Le Rhône en 100 questions : 9-04 Pourquoi réhabiliter les lônes ?

De Wikibardig
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Cette page fait partie du deuxième chapitre: "Le fonctionnement du fleuve", de l'ouvrage '"Le Rhône en 100 questions'", une initiative de la ZABR avec l'appui de toute l'équipe du Graie et soutenue par les instances qui ont en charge la gestion du fleuve.








Les lônes sont des écosystèmes d’eaux calmes qui résultent du recoupement naturel ou artificiel de chenaux fluviaux. Elles peuvent être connectées en permanence au fleuve soit par leur extrémité aval, soit par leurs, deux extrémités, ou seulement lors de crues. Certaines sont alimentées par des eaux phréatiques. En période de crue, elles jouent un rôle dans l’écoulement des eaux ou le ressuyage des plaines.


Elles abritent une importante biodiversité végétale et animale, et servent de zones de reproduction et d’alimentation pour de nombreuses espèces de poissons du cours principal. La végétation des lônes participe à l’auto-épuration des milieux aquatiques en absorbant les nitrates et phosphates.


Comment se comblent les lônes ?


restauration d une lone dans le secteur de pierre benite avant apres
Sur l’Ain, cinq lônes ont été restaurées :
  •  deux avec un but écologique marqué : vingt nouvelles espèces floristiques sont réapparues dans la lône Sous Bresse dont le flûteau nageant, espèce d’intérêt commu-nautaire ;
  •  trois dans un souci de recharge sédimentaire du cours principal : le curage des lônes de Bellegarde et des Carronières permet de restituer 20 000 m3 de matériaux à la rivière.

Dans le secteur de Pierre-Bénite, trois lônes ont fait l’objet d’un programme de restauration portée par le Syndicat Mixte du Rhône
des Iles et des Lônes (SMIRIL) et la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) : Jaricot, Ciselande, la Table ronde.

Après abandon par les eaux courantes du fleuve, la diminution de la vitesse du courant permet le développement de la végétation aquatique, surtout dans les zones les moins profondes.
Seule une très faible partie de la biomasse produite est consommée par les herbivores ou décomposée par les micro-organismes. Le reste se dépose sur le fond et s’ajoute à la sédimentation due aux crues. La présence de ces végétaux réduit la vitesse du courant, ce qui favorise l’accumulation de la matière organique produite sur place, et celle des sables et limons. Ce début de comblement, à son tour, réduit la profondeur et favorise le développement de la végétation. À terme, la lône se transforme en un marais envahi par des broussailles puis par des arbres.
Ce processus de comblement naturel est amplifié par l’impact d’activités humaines. La présence d’obstacles aux écoulements (digues basses, épis…), qui ralentissent les courants, augmente le dépôt d’alluvions.
L’augmentation des teneurs en nitrates et phosphates de l’eau intensifie la production de biomasse végétale. L’abaissement du niveau moyen de la nappe phréatique résultant d’excès de pompages, de surcreusement du lit mineur ou de diminution de débit dans le cours principal, entraîne la mise hors d’eau totale ou partielle de nombreuses lônes. Au total, plus de trois cents lônes partiellement ou totalement en eau ont été dénombrés le long du Rhône.
rehabilitation de la lone de vachon


  • À l’état naturel, la dynamique fluviale pouvait compenser le comblementdes lônes.

 - L’augmentation de la vitesse dans les lônes lors des crues pouvait décaper les fonds et exporter les sédiments organiques et minéraux, donc assurer une sorte de « rajeunissement » périodique des lônes.
 - Par ses divagations latérales, le fleuve pouvait recouper des méandres, donc créer de nouvelles lônes et ainsi compenser le comblement des plus anciennes.

  • Aujourd’hui, les aménagements empêchent l’érosion latérale. Ils réduisent aussi les vitesses en crue dans les lônes, donc diminuent leurs possibilités de « rajeunissement ».



Pourquoi curer les lônes ?


En l’absence de dynamique fluviale, il devient nécessaire d’intervenir pour maintenir ou restaurer la capacité d’écoulement des crues. Le principe consiste en priorité, là où c’est possible, à recréer une certaine dynamique fluviale en supprimant les éléments de l’aménagement du xixe siècle dont le rôle pour la navigation n’est plus avéré et à enlever l’excès de sédiments accumulés. En cas d’abaissement de la ligne d’eau dans le fleuve et des nappes phréatiques, il faut aussi surcreuser le lit des lônes afin de reconstituer un milieu aquatique.
Les modalités des opérations de curage doivent viser à :

  •  recréer la diversité de conditions d’habitat ;
  •  favoriser leur durabilité en favorisant leur auto-entretien par les crues.

Il est inutile d’intervenir lorsque l’évolution de la lône est lente en raison d’une grande profondeur ou d’une alimentation phréatique de bonne qualité.


Ce qu’il faut retenir


Les lônes participent à l’écoulement des eaux en crue, contribuent à la biodiversité, et jouent un rôle dans la régulation des peuplements piscicoles du fleuve. Leur comblement est un phénomène naturel accéléré par les impacts des activités humaines.
Le blocage de la dynamique fluviale empêche la création de nouvelles lônes et le décapage naturel des lônes en cours de comblement.
La conservation de ces écosystèmes et de leurs fonctionnalités nécessite leur curage et, si possible, le rétablissement de la dynamique fluviale.



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