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Métier: prévisionniste de crues

De Wikibardig
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24 h sur 24, les prévisionnistes de crues du SCHAPI surveillent, avec leurs collègues des 22 services de prévision des crues (SPC), les cours d’eau du réseau réglementaire. Pluie, hauteur et débit, toutes les données sur l’eau sont collectées ou calculées en temps réel. Assemblées et analysées, elles servent à anticiper les inondations. Les prévisionnistes coproduisent aussi, avec ceux de Météo-France, un volet particulier de la vigilance météorologique, la vigilance « pluie - inondation », lorsque de fortes précipitations, pouvant donner lieu à des inondations, sont prévues.


SCHAPI : le coeur d’un réseau

Implanté au coeur de la météopole de Toulouse pour favoriser les synergies avec Météo-France et les équipes scientifiques qui y sont, rassemblées, le SCHAPI assure la prévision des crues. 24 heures sur 24, météorologues, hydrologues et informaticiens travaillent en lien direct avec un réseau de partenaires.


Reportage:

portfolio

Nous allons rejoindre la salle de veille pour le briefing de 10 h. Les prévisionnistes de service et tous ceux qui sont disponibles seront là nous indique Nicolas, secrétaire général du SCHAPI. L’équipe est prête et l’ambiance est détendue en ce beau jour.


Attentifs, les 14 prévisionnistes en poste et l’ensemble de l’équipe écoutent Dominique commencer son exposé technique.
Prévisionniste de rang 1*, il est aujourd’hui chargé de réaliser la carte nationale de vigilance crues. À l’aide de sa souris, il fait défiler les différents documents sur grand écran : carte européenne pour évaluer la situation météorologique globale, cartes nationales qui indiquent les précipitations des dernières 24 heures, l'état d’humidité des sols et la situation hydrologique du jour. L’exposé se poursuit par des cartes présentant les résultats des outils du centre national de prévision de Météo-France (CNP), mais aussi du centre européen de prévision (basé à Reading, en Angleterre), et la situation météorologique des prochains jours. Pas de problème particulier, c’est une période calme contrairement à ces deux dernières semaines qui ont été très agitées pour l’équipe, avec des situations orageuses à rebondissements, un niveau de vigilance météorologique orange et des mises
en vigilance crues jaune de plusieurs tronçons de cours d’eau. La présentation se termine par l’identification des zones potentielles de risques d’inondation : aujourd’hui, rien à signaler pour les 24 heures qui viennent ni pour les jours suivants. La vigilance crues est au vert sur l’ensemble du territoire national.


La mise au point de la carte nationale Vigicrues
reseau operationnel
Arrivé tôt ce matin, Dominique a dû collecter, analyser et traiter de nombreuses données pour élaborer la carte de vigilance. En moins de deux heures, il a rassemblé les informations hydrologiques collectées ou calculées en temps réel, les informations de Météo-France et celles des 22 SPC. À 8 h, Météo-France envoie les bulletins et les alertes sur les précipitations prévues. À 8 h 45 dernier délai, c’est au tour de tous les prévisionnistes des SPC d’envoyer leur bulletin. Ils s’appuient, comme ceux du SCHAPI, sur les données locales produites en temps réel par le réseau des unités d’hydrométrie (UH) et celles recueillies par Météo-France, notamment grâce à son réseau de radars hydrométéorologiques. Chaque SPC produit bi-quotidiennement un bulletin local et une carte de vigilance relative à son territoire. « Les UH sont essentielles au réseau opérationnel de prévision des crues car elles sont à l'origine des mesures  précises faites sur le terrain. Les SPC sont la base de ce réseau », explique Didier, prévisionniste et administrateur de la banque de données hydrologiques.


* Un prévisionniste peut être de rang 1, 2, 3 ou 4. Les prévisionnistes font tous le même métier, seule l’organisation change.
Un planning annuel définit le rôle de chacun, semaine par semaine.


À l’aide de tous ces documents, Dominique peut publier la carte Vigicrues à 10 h et actualiser le site www.vigicrues.gouv.fr.
cartes vigicrues
C’est le moment du « push », celui où le prévisionniste appuie sur le bouton pour diffuser la carte nationale de vigilance, le bulletin
de synthèse et la production des L’archivage des documents et l’analyse des retours d’expérience Après la publication de la carte
Vigicrues de 10 h, la journée n’est pas terminée pour Dominique qui doit également veiller à la production de la carte de 16 h. Un gros travail d’archivage est réalisé pour constituer un fonds documentaire solide et utile et appréhender les évolutions des  risques de crues : fréquence, localisation, niveaux atteints, etc. Une telle démarche ne peut se faire sans une prise de recul de la part des prévisionnistes. « Pour des événements importants, nous procédons à des retours d’expérience, sur une base très structurée. Nous évaluons alors la pertinence du niveau de vigilance annoncé par rapport aux dégâts constatés sur le terrain.Notre procédure opérationnelle fait aussi l’objet d’améliorations permanentes au niveau des échanges entre les agents, des prises de décision et des outils utilisés » témoigne Christelle. La vérification du bon fonctionnement des outils L’aspect technique est un élément important pour les prévisionnistes qui sont chargés de faire remonter toute anomalie ou souhait d’amélioration des outils d’analyse et de production. Le prévisionniste de rang 1 en particulier alerte sur tout dysfonctionnement la 22 SPC sur internet. Ces informations arrivent simultanément sur les messageries sécurisées des préfectures.


Une carte utile à tous


Publiée au moins deux fois par jour, à 10 h et à 16 h, la carte Vigicrues permet d’informer le grand public et les pouvoirs publics en charge de la sécurité civile en cas de risque de crues survenant sur le réseau hydrographique surveillé par l’État. personne en charge de la permanence informatique (pôle systèmes d’information). Au SCHAPI, deux pôles dédiés (acquisition des données et hydrométrie ; modélisation et hydrologie opérationnelle) s’appliquent à assurer un travail d’amélioration systématique des outils utilisés. Le métier de prévisionniste de crues évoluant sans cesse, la maîtrise d’outils de plus en plus performants
 ait partie des défis auxquels il est aujourd’hui confronté. • Elle détaille les tronçons de tous les cours d’eau répertoriés, chacun étant qualifié par une couleur liée au niveau de vigilance (vert, jaune, orange ou rouge). Les informations de la vigilance pour les crues sont reprises dans la vigilance météorologique. Dans son volet pluie – inondation, Météo-France intègre au niveau départemental l’information transmise sur les risques d’inondation par le SCHAPI


L’archivage des documents et l’analyse des retours d’expérience


Après la publication de la carte Vigicrues de 10 h, la journée n’est pas terminée pour Dominique qui doit également veiller à la production de la carte de 16 h. Un gros travail d’archivage est réalisé pour constituer un fonds documentaire solide et utile et appréhender les évolutions des risques de crues : fréquence, localisation, niveaux atteints, etc. Une telle démarche ne peut se faire sans une prise de recul de la part des prévisionnistes. « Pour des événements importants, nous procédons à des retours d’expérience, sur une base très structurée. Nous évaluons alors la pertinence du niveau de vigilance annoncé par rapport
aux dégâts constatés sur le terrain. Notre procédure opérationnelle fait aussi l’objet d’améliorations permanentes au niveau des échanges entre les agents, des prises de décision et des outils utilisés » témoigne Christelle.


La vérification du bon fonctionnement des outils


L’aspect technique est un élément important pour les prévisionnistes qui sont chargés de faire remonter toute anomalie ou souhait  d’amélioration des outils d’analyse et de production. Le prévisionniste de rang 1 en particulier alerte sur tout dysfonctionnement la personne en charge de la permanence informatique (pôle systèmes d’information). Au SCHAPI, deux pôles dédiés (acquisition des données et hydrométrie ; modélisation et hydrologie opérationnelle) s’appliquent à assurer un travail d’amélioration systématique des outils utilisés. Le métier de prévisionniste de crues évoluant sans cesse, la maîtrise d’outils de plus en plus performants
fait partie des défis auxquels il est aujourd’hui confronté.


3 questions à ... André Bachoc
chef du service

Après un parcours professionnel en hydrologie urbaine (chargé d’études, gestionnaire opérationnel, chercheur) puis dans trois DIREN (très impliqué dans l’hydrologie du bassin de la Loire, directeur en Franche- Comté et en Midi-Pyrénées), André Bachoc a rejoint le SCHAPI en janvier 2009. Il fait le point sur le positionnement du SCHAPI et les défis auxquels il est confronté.


  • Comment qualifiez-vous la place et le rôle du SCHAPI aujourd’hui ?

Le SCHAPI est au coeur d’un réseau opérationnel, celui de la prévision des crues et de l’hydrométrie, avec les 22 SPC et les 28 UH, mais aussi avec beaucoup d’autres partenaires scientifiques et techniques, à commencer par nos collègues du service des risques naturels et hydrauliques de la direction générale de la prévention des risques (DGPR) du ministère. Nous travaillons également avec Météo-France, le ministère de l’Intérieur (direction de la sécurité civile - DSC, centre opérationnel de gestion interministérielle des crises - COGIC, centres opérationnels de zones, préfectures), les maires ou les pompiers. Enfin, pour l'élaboration de nos analyses et de nos prévisions, nous échangeons beaucoup avec nos partenaires scientifiques et techniques, qu'ils soient, en premier lieu, de Météo-France, ce qui justifie notre implantation sur la météopole de Toulouse, mais aussi du réseau scientifique et technique de notre ministère, du CEMAGREF, de diverses équipes universitaires, d'EDF, de la CNR et des sociétés de services. Nous travaillons en étroite collaboration avec les SPC qui produisent les prévisions et le degré de vigilance requis pour les cours d’eau. Nous échangeons quotidiennement, pour délivrer une information opérationnelle cohérente. Ensemble, nous développons aussi les outils nécessaires pour l’organisation des données, la prévision et la communication. En interaction avec les UH, qui sont les producteurs des données hydrométriques de base, nous faisons un gros travail de collecte, d’organisation, d’homogénéisation et de présentation, afin de diffuser en temps réel les données pour les utilisations opérationnelles. Dans un deuxième temps, nous organisons leur vérification et leur consolidation, pour des analyses plus précises. Et puis, dans ce domaine aussi, nous améliorons sans relâche nos méthodes et nos outils. Le SCHAPI tient donc un rôle important dans la prévision des inondations. La première motivation de sa création, en juin 2003, était de mieux cerner la menace des orages cévenols et des crues rapides. Son champ d’intervention s’est très vite étendu à l’ensemble des risques d’inondation le long des principaux cours d’eau et à l’hydrométrie, notamment la modernisation et la gestion de la base nationale de données hydrométriques. Il faut rappeler que le risque d’inondation est le premier risque naturel en France : près de 12 000 communes et 5 millions de personnes sont concernées.


  • Quels sont les défis auxquels est confronté le SCHAPI ?

Nous avons trois défis fondamentaux, à relever simultanément au cours des prochaines années.

• Le premier consiste à maintenir et améliorer notre activité opérationnelle. Pour la prévision des crues, le SCHAPI a une fonction de synthèse et d’appui aux SPC. Pour l’hydrométrie, il doit assurer le bon fonctionnement de la base de données hydrométriques nationale. Ces missions quotidiennes passent par un renforcement de notre organisation et de nos compétences sur notre discipline de base, l’hydrologie.

• Le deuxième défi est centré sur la production d’outils de seconde génération (constitution de bases de données, supports de modèles, modèles eux mêmes, supports de diffusion, notamment sur internet). Beaucoup de développements sont en cours et nous souhaitons les voir aboutir dans les meilleurs délais.

• Le troisième défi, c’est, en même temps, de préparer l’avenir. La demande sociale évolue très vite. Préfets, maires,
usagers, tous réclament la meilleure anticipation possible sur les crues, ce qui implique un besoin d’outils toujours plus
performants. Tous sont aussi en attente d’une extension de la prévision des crues à la prévision des inondations ou d’un accompagnement renforcé (mobilisation vis-à-vis des risques de ruissellement, de crues soudaines dommageables). Autant
de nouveaux services dont nous devons très vite analyser les faisabilités techniques et socio-politiques.


  • Comment qualifiez-vous le métier de prévisionniste de crues ?

C’est un veilleur, un hydrologue. Une personne qui se donne les moyens de connaître la pluie, notre principale source d’incertitude. C’est un connaisseur des territoires, aussi bien des lieux que des gens qui y vivent. Les zones inondables ont toutes leurs particularités qu’il faut suffisamment maîtriser pour communiquer efficacement. Enfin, je dirai que c’est quelqu’un qui mesure tous les risques. Rappelons le vieil adage des hydrologues et des économistes : la prévision est un art difficile, surtout quand il s’agit du futur.



Pour télécharger la publication: les prévisionnistes de crues du SCHAPI - 25 août 2011

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