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Nappe fossile (HU)

De Wikibardig

Traduction anglaise : Fossile groundwater

Dernière mise à jour : 17/06/2023

Nappe d’eau souterraine qui s’est constituée au cours d’une période géologique antérieure, à un moment où les conditions climatiques et/ou géomorphologiques étaient différentes des conditions actuelles. Certaines réserves constituées par des nappes fossiles peuvent être considérables, par exemple sous le Sahara (voir figure 1).


Figure 1 : La nappe fossile de l'Albien située en grande partie sous le Sahara Algérien constitue, avec plus de 50 000 milliards de mètres cubes, la plus grande réserve d'eau douce au monde ; Source : Article Wikipedia.

Contrairement à beaucoup d'autres ressources en eau, il s’agit donc d’une ressource non renouvelable, du moins à l’échelle de temps humaine et qui doit donc être mobilisée avec beaucoup de précaution.

L'exemple de la nappe de l'Albien du bassin parisien

On rencontre des eaux fossiles en France, par exemple dans le Bassin parisien (nappe de l'Albien). Il s'agit d'une nappe captive qui date du Crétacé. Ses réserves sont estimées à environ 450 milliards de m3. Cette nappe, proposant une eau d'excellente qualité située à environ 600m de profondeur, a été exploitée depuis 1841 (puits artésien de Grenelle) (Lauverjat, 1967).

Son exploitation excessive entre 1861 et 1934 a provoqué une baisse de son niveau pouvant dépasser 70 mètres. Ces prélèvements excessifs ont été à l'origine du décret loi de 1935sur la protection des eaux souterraines destiné à mettre fin au "gaspillage, à la fois quantitatif par l'épuisement des nappes souterraines profondes, et qualitatif, par l'utilisation peu satisfaisante de ces eaux" (Risler et Roux, 1993). Malgré cette mesure le niveau va continuer de baisser pour atteindre un minimum en 1965 (Dupaigne et Violette, 2020 et figure 2). Le durcissement des règles de gestion visant à limiter les débits annuels prélevés, puis les débits maximums de pompage ont alors permis de stabiliser la situation.


Figure 2 : Évolution de la piézométrie de l'Albien. Piézométrie de la nappe de l'Albien (cote en m NGF) : a et e d'après Raoult, 1999 ; b, c et d d'après Lauverjat, 1989 ; f d'après Dupaigne et al., 2019. ; Fond : données IGN (MNT25, cours d'eau et départements) ; Source : Dupaigne et Violette (2020).

Cette nappe est aujourd'hui considérée comme une réserve stratégique et reste exploitée de façon contrôlée, les prélèvements ayant été progressivement limités par les différents SDAGE (de 29 à 14 millions de m3 par an).

Nota : Cette nappe présente également un intérêt géothermique du fait de sa température (comprise entre 25 et 28°C).

Bibliographie :

  • Dupaigne, T., Violette, S. (2020) : Impact de l'activité anthropique et des règles de gestion des eaux souterraines sur la ressource – exemple de l'Albien en Île-de-France ; La Houille blanche ; n°1, 2020 ; pp 16-21 ; disponible sur https://www.tandfonline.com
  • Lauverjat, J. (1967) : Contribution à l'étude géologique et hydrogéologique de l'Albien dans le centre du Bassin de Paris, thèse de 3e cycle, Paris, Faculté des Sciences de Paris, 1967, 211 p. ; disponible sur http://infoterre.brgm.fr
  • Risler, J.J., Roux, J.C. (1993) : Enquête sur l'application du décret-loi du 8août 1935 sur la protection des eaux souterraines ; document public BRGM ; 108 p. ; disponible sur http://infoterre.brgm.fr
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