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Nieul - Expertise des zones de solidarité Xynthia

De Wikibardig

Sommaire

Éléments de contexte

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La commune de Nieul sur Mer fait partie de la communauté d'agglomération de La Rochelle ; elle s'étend sur 11 km² et compte 5 792 habitants depuis le dernier recensement de la population datant de 2007. Avec une densité de 528,5 habitants par km², la commune a connu une hausse de 2,6% de sa population par rapport à 1999. Sa situation à 8 km de La Rochelle en a fait une zone résidentielle attractive. La croissance s'est faite par lotissements successifs autour du noyau d'origine situé à l'intérieur des terres.
La commune (et sa voisine de L'Houmeau) a un relief assez marqué, y compris en bord de mer , autour d'une dépression sud-ouest, nord-est, occupée aujourd'hui par des marais, débouchant en mer à l'ouest au Port du Plomb .
Le hameau de Lauzières est situé en bordure de cette zone de marais à l'en­droit où un rétrécissement permettait un passage aisé vers la côte. Ce passage, franchi par un pont, sépare ainsi un marais aval, le ma­rais du Petit Plomb, partagé avec la commune de L'Houmeau, et un marais amont le marais Gâtineau, dont un diverticule se pro­longe vers l'est jusqu'au centre-bourg et est bordé au sud par l'urbanisation. Celle-ci s'est rapprochée fortement des zones basses.
Sur l'autre rive, le hameau de Lauzières s'est développé historiquement et naturellement, hors d'eau, le long du marais du Petit-Plomb en direction du port (établissements ostréicoles, etc..) Quelques constructions ont peu à peu été faites sur le marais lui-même, notamment sur la partie étroite autour du pont, mais le plus sou­vent par transformation d'annexes ou de hangars ostréicoles.
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L'exutoire du marais en mer, à deux kilomètres en aval de Lauzières a été aménagé en port, ouvert sur la mer, protégé au nord par une jetée maçonnée ; la zone portuaire et les dunes côtières de part et d'autre ont été renforcées par des enrochements.
Le ruisseau du Gô, qui draine le fond des marais est franchi à Lauzières par deux ouvrages parallèles : un pont à deux arches étroites remontant au 18ème siècle (aujourd'hui réservé aux piétons) et un ouvrage plus récent (vers 1940) à une seule travée supportant la route départementale. La section hydraulique des ponts est relativement modeste : elle a été dimensionnée pour l'évacuation des eaux pluviales de l'amont. Les diffé­rences de caractéristiques des ouvrages créent une chicane freinant la circulation de l'eau et pouvant entrainer la création d'embâcles, d'autant que l'on peut également constater un rétrécissement du lit du Gô en aval du vieux pont, dû à des aménagements des propriétés riveraines empiétant significativement sur le chenal.


Description du phénomène et aléa de référence

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Lors de Xynthia, l'eau a envahi le port du Plomb et submergé les digues littorales, inondé le marais et remon­té vers l'amont. Le niveau de l'eau de 4,70 m NGF au niveau du port du Plomb (on relève des niveau jusqu'à 5m au sud sur la zone portuaire de L'Houmeau) descend autour de 4,50m dans le marais et à environ 4,20m au niveau de Lauzières1
Les murs arrières des maisons proches des ponts ont fait barrage, forçant l'eau à passer soit par le secteur du pont, soit en remontant vers le nord le long des murs pour franchir l'obstacle au niveau de la rue du Port (transformateur EDF) ce qui a entrainé des vitesses d'écoulement importantes, notamment dans les impasses donnant accès au marais où des hauteurs d'eau supérieures ont été constatées. Certains riverains pensent que cette « fonction de barrage » a accru la hauteur d'eau dans le quartier.
Le régime hydraulique actuel du marais dans sa partie aval, ne paraît pas avoir été examiné pour l'instant. Or il apparaît nettement qu'il souffre d'un déficit ancien d'entretien, la largeur des canaux étant par endroits ré­duite de manière significative par effondrement des berges, accentuant notamment la géométrie des méandres.
Toute modification du régime hydraulique du système de marais devra être étudiée avec beaucoup de soin, afin de ne pas générer des reports d'inondation en amont qui pourraient concerner directement, non seule­ment les maisons d'ores et déjà placées en zones de prescription, mais également le bourg principal de Nieul du fait des conséquences d'une suppression de l'effet retardateur évoqué supra. Les mesures (cf. rapport SOGREAH) montrent que l'eau est montée jusqu'à 4,30 NGF en aval du pont, ce qui peut être considéré comme niveau de l'aléa de référence (pour une hauteur d'eau de 4,50 m NGF sur la côte, la différence correspond à la pente nécessaire pour propulser l'écoulement).


Description de la zone de solidarité

L'analyse de la dynamique de la submersion et des possibilités de protection ont conduit à classer en zone de solidarité la partie la plus gravement impactée à proximité et en aval des ponts.
La zone de solidarité, établie sans tenir compte du parcellaire, comprend d'une part des maisons situées sur ou en limite du marais du Petit-plomb, d'autre part des jardins et annexes de maisons anciennes construites le long de la rue du port, elles-mêmes hors zone, enfin quelques anciens hangars, salorges, transformés en ga­rages, voire en habitations. Le parcellaire est à cet endroit très complexe, avec des imbrications de propriétés dont les accès (et les aires de stationnement) ont été aménagés pour des raisons fonctionnelles, mais sans que les propriétaires n'en soient toujours facilement identifiables.
La volonté de ne pas découper les parcelles a conduit à inclure dans le périmètre d'acquisition de la zone de solidarité des habitations situées au-delà des limites initiales de la zone et a contrario à ne pas y inclure les fonds de parcelles, occupés par des piscines et annexes des propriétés de la rue du Petit-Plomb, qui n'ont pas vocation à être expropriés en application du L561,1 du code de l'environnement.
Le périmètre d'acquisition de la zone de solidarité comprend 33 parcelles cadastrées, dont 11 habitations pour lesquelles des offres d'acquisition pouvaient être faites. Sur ces 11 habitations, 9 ont fait l'objet d'un ac­cord amiable.

Enfin, 4 zones de prescriptions (zones jaunes) ont été établies en complément  : une au nord entre la zone de solidarité et la rue du port (env. 17 maisons de ville anciennes, alignées le long de la rue) ; une au sud entre la rue du Petit-Plomb et le marais (7 maisons récentes sur parcelles) ; deux autres en bordure du Marais Gati­neau au nord-est de la zone de solidarité (8 maisons récentes) ; soit un total d'environ 32 maisons.


Les possibilités de protection

Côté mer des digues ont été construites au débouché du Gô, au niveau du port du Plomb. Elles ont été sub­mergées lors de Xynthia, sans subir d'importants dégâts. La hauteur du terrain naturel a protégé les construc­tions situées au nord du marais entre la côte et Lauzières, le long de la route départementale 107.
Il n'existe pas d'ouvrage particulier protégeant le hameau de Lauzières et les quartiers ouest de Nieul des inondations. Celles-ci sont régulées par le système de marais qui permet un stockage significatif d'eau.
L'endiguement complet du site en limite des installations ostréicoles est techniquement possible mais néces­siterait des ouvrages sécurisés (clapet, digue infranchissable) d'un coût élevé et d'un impact environnemental (l'ensemble est une zone Natura 2000) et foncier délicat.
L'exutoire du ruisseau est suffisamment large pour que, en cas de hautes eaux marines, le niveau de l'eau au pont de Lauzières soit proche (à 20 cm près) de celui de l'océan. Les données topographiques disponibles font apparaître que le niveau atteint par l'eau a été sensiblement inférieur en amont des ponts par rapport à l'aval. Les experts ne disposent pas d'une évaluation précise de cette différence qui semble comprise entre 0,60 et 1m.
La capacité des marais en amont (que l'on peut estimer de l'ordre de 1 à 1,3 million de m3 jusqu'à 4,00 NGF) ne semble pas suffisante pour qu'une élimination de l'effet de barrage entraine autre chose, en cas de réédi­tion d'une hauteur d'eau de 4,50 dans les pertuis, qu'un ralentissement de la montée des eaux à Lauzières (la cote maximale serait peu abaissée), compensé par un accroissement des inondations en amont. En effet, l'ef­fet retardateur produit par le goulot d'étranglement au niveau du pont a manifestement permis de faire profi­ter le marais Gâtineau de l'effet marée et de limiter l'inondation aux abords du bourg. Les hauteurs de 3 m à 3,20 m mesurées dans le secteur de la rue du Marais (RD 104) sont ainsi inférieures de 1 m à 1,20 m avec celles constatées directement en aval du pont.
Un recalibrage des canaux dans le marais aval permettrait probablement d'accroître le volume d'eau stocké et d'atténuer d'autant les risques d'inondation. Il conviendra toutefois d'être attentif aux conséquences d'un ré­aménagement hydraulique des marais sur son écosystème (site Natura 2000, ...).
Si la capacité du marais du Petit Plomb pourrait ainsi sans doute être améliorée par une meilleure gestion d'ensemble, associée à un curage du Gô, ceci impose la création d'une association de gestion, comme celle en cours de constitution pour le marais Gâtineau, ce que souhaite la commune de Nieul.
A noter qu'une étude hydraulique concernant l'ensemble du bassin versant du Gô dont les marais du Gâtineau et du Plomb constituent les exutoires naturels reste à réaliser.


Modifications proposées au programme des acquisitions

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Les réflexions menées sur les protections, lors de la délimitation de la zone de solidarité, ont conduit à privi­légier une solution permettant de restaurer les transparences hydrauliques de part et d'autre de la rue du Vieux Pont et la réalisation d'ouvrages latéraux à l'urbanisation et au Gô, pour protéger les habitations situées de part et d'autre de l'étier (rue du Petit-Plomb au sud, rue du Port au nord) .
Sans exclure la réalisation de protections latérales de part et d'autre de l'étier,, les experts considèrent qu'il est souhaitable de gérer le site de façon à conserver un effet de barrage dans l'intérêt de l'amont. En pratique, il suffit que l'aménagement qui prendra la place des maisons acquises le long de la RD 104 soit doté d'un para­pet de hauteur judicieuse pour obtenir le meilleur compromis entre l'amélioration des écoulements à l'aval et la non aggravation des inondations à l'amont. Une étude hydraulique est nécessaire pour déterminer cette hauteur.

Les experts se sont appuyées sur les propositions faites par la DDFIP, qui n'est pas intervenue sur les constructions servant de garage ou de remises. Ils ont donc considéré que ces dernières n'avaient pas été transformées en habitations, ou annexes habitables.
La plupart des habitations situées au sein de la zone de solidarité ayant fait l'objet d'un accord amiable de vente au profit de l'Etat. Parmi les propriétés restant, 2 habitations sont manifestement (au moins pour le corps principal d'habitation, dans une situation analogue à leur voisines ou sont en surélévation par rapport au terrain naturel. C'est le cas de la maison (parcelle AE 262) et de la parcelle AE 303, cette dernière maison n'a eu que 60 cm d'eau et dispose d'un étage.

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Pour la dernière maison (parcelle AE 301), pour laquelle la proposition d'acquisition est en principe ca­duque, il sera nécessaire dengager une procédure de DUP au titre de l'article L 561-1 du code de l'environ­nement. Les experts ont pris acte de ce que la construction voisine cadastrée AE300 n'était pas considérée par France Domaine comme une habitation et à ce titre non expropriable.

Ce n'est qu'au terme de l'étude hydraulique proposée que d'éventuelles acquisitions supplémentaires pourraient s'avérer nécessaires pour réaliser des ouvrages et non du fait de la dangerosité des constructions concernées

Recommandations


Une meilleure gestion des risques d'inondation semble possible. Pour cela, la création d'associations de ges­tion des marais est à encourager. Des études fines relatives à la capacité de stockage hydraulique sont à entre­prendre rapidement, donnant lieu, le cas échéant, à un programme de travaux susceptible d'en améliorer l'ef­ficacité. Il conviendra que l'étude hydraulique envisagée sur le bassin versant du Gô ne se limite pas à un examen des flux de l'amont vers l'aval, mais prenne également en compte les phénomènes d'intrusion marine de type Xynthia afin d'identifier les aménagements nécessaires à une atténuation des risques pour les habita­tions riveraines des marais.

Enfin, le futur plan de prévention des risques, devra proscrire toute transformation de garages ou annexes en lieux d'habitation.

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