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Urbanisme et hydrologie (HU)

De Wikibardig

Traduction anglaise : Urban planning and hydrology

article en chantier

Dernière mise à jour : 28/09/2023

Même si cet article a un titre très large, il traite seulement et de façon spécifique, de la façon dont les questions relatives à la gestion de l'eau sont (ou pourraient/devraient être) prises en compte dans les règles d'urbanisme et de planification urbaine. Nous n'abordons pas non plus en détail la façon dont ces règles peuvent plus ou moins facilement être intégrées dans les règlements d'urbanisme et restons au niveau des principes.

Différents articles généraux traitent des autres relations très variées entre l'eau et la ville. Ils sont structurés par un article chapeau général "Eau et ville" et abordent le sujet sous des angles différents :

  • La ville et son assainissement qui s’intéresse aux moyens techniques et organisationnels mis en œuvre pour rendre la ville saine et agréable à vivre ;
  • Aménagement urbain et gestion des eaux pluviales (HU) qui traite plus particulièrement des moyens techniques et organisationnels mis en œuvre pour gérer les eaux précipitées sur la ville, et en particulier des liens entre ces moyens et l’aménagement urbain.
  • Aménagement des cours d’eau et des plans d’eau urbains qui s’intéresse à la question de l'intégration et de la valorisation dans le milieu urbain des hydrosystèmes, cours d’eau et plans d’eau ainsi que leurs abords ;
  • Réduction des risques d'inondation (en cours de rédaction) qui traite des moyens mis en œuvre pour continuer à vivre en ville malgré le risque toujours présent constitué par les excès d’eau ;
  • Hydrologie urbaine qui traite des aspects scientifiques de la question.

Les différentes possibilités techniques de prise en compte des contraintes et opportunités liées à l'eau dans les documents d'urbanisme seront pour leur part traitées dans des articles spécifiques.

Sommaire

Quels sont les enjeux de la planification urbaine vis-à-vis de l'eau ?

On peut définir la planification urbaine comme le contrôle de l’urbanisation (compris ici comme le développement des villes) exercé par le pouvoir politique.

La volonté d'encadrer le développement urbain pour éviter une croissance anarchique (c'est à dire sans plan préétabli et sans contrôle de l'adéquation des ressources aux besoins) est probablement aussi vieille que les villes. Selon les époques et les civilisations, le contrôle a été plus ou moins strict. La ville romaine, structurée autour du forum situé à la croisée du cardo maximus (principal axe Nord-Sud) et du decumanus (axe Est-Ouest) constitue l'un des exemples antiques les plus frappant d'un développement parfaitement structuré. A l'opposé les immenses quartiers d'habitat spontané des villes africaines ou les favelas brésiliennes constituent des archétypes d'une absence totale de planification. Entre les deux, les villages provençaux ou les centres villes anciens, montrent qu'une croissance lente, associée à quelques règles empiriques locales, peut conduire, par une sorte d'auto-organisation, à des plans et des modes de fonctionnement parfaitement adaptés au contexte.

Dans le cas qui nous intéresse ici, il ne s'agit pas tant d'organiser les espaces urbains conformément à un plan structuré que de s'assurer que le développement de la ville se fait en respectant les principales contraintes et les principaux enjeux liés à l'eau :

  • assurer la continuité de l'approvisionnement en eau ;
  • évacuer les déchets et les eaux usées, protéger la santé des personnes ;
  • protéger les citadins et les équipements des risques liés aux inondations.

A ces enjeux principaux, selon les époques et selon les situations, peuvent se rajouter un grand nombre d'enjeux complémentaires, par exemple :

  • maîtriser la qualité des milieux aquatiques et des espaces associés (par exemple en cas d'enjeux touristiques) ;
  • maîtriser le débit et le tirant d'eau (en cas d'enjeux de transport fluvial) ;
  • etc.

Il est important de noter que les règles doivent à la fois prendre en compte les impacts de l'eau sur la ville et ceux de la ville sur l'eau.

Pourquoi est-il très difficile de mettre en place des règles efficaces ?

Les citoyens exigent de plus en plus que la puissance publique prenne en charge les enjeux qui les touchent. C'est bien sur aussi le cas des enjeux liés à l'eau.

Mettre en œuvre des règles qui contrôlent de façon efficace le développement urbain vis à vis des contraintes et/ou des opportunités liées à l'eau est cependant très difficile pour plusieurs raisons.

Diversité des échelles territoriales et des acteurs

La première difficulté, qui est aussi sans doute celle dont toutes les autres découlent, réside dans la diversité des acteurs et des échelles concernés. Il n'y a pas un seul décideur public capable d'édicter ces règles, mais plusieurs. De plus ces acteurs ne travaillent pas sur le même territoire. Certains agissent à l'échelle nationale, voire supranationale (européen en particulier). D'autres sont structurés par des territoires associés à l'eau (les bassins versants et leurs imbrications). D'autres enfin agissent à l'échelle de territoires urbains eux mêmes variés (les communes et les intercommunalités). Tous sont soumis à des groupes de pression plus ou moins organisés : agriculteurs, pécheurs, défenseurs de l'environnement, propriétaires fonciers, etc.

Les intérêts de ces différents acteurs sont différents, voire contradictoires : conflits d'usage pour l'eau ou certains espaces, difficultés de la solidarité amont-aval, enjeux financiers et de pouvoir politique, etc.

Cette diversité des acteurs a pour corolaire une grande diversité des points de vue et donc une difficulté certaine à définir des objectifs communs et clairement définis, préalable pourtant indispensable à la construction des règles.

Diversité des actions possibles et complexité de leurs interactions

Pour maîtriser l'urbanisation les décideurs politiques ont a leur disposition une grande diversité d'outils qui peuvent se ranger en trois catégories principales :

  • la maîtrise d’ouvrage directe : acquisition de terrains, aménagements divers ou constructions d'infrastructures par exemple ;
  • l'incitation, en particulier financière, mais aussi l'information et la formation des citoyens ;
  • l'interdiction ou la réglementation, qui est sans doute la catégorie considérée comme principale en France.

Une fois les objectifs définis, l'ensemble des acteurs doivent donc mettre en place un ensemble d'outils appartenant à ces trois catégories. C'est là qu'apparaît la deuxième difficulté.

Ces outils doivent en effet être cohérents et complémentaires alors même :

  • qu'ils sont produits ou maîtrisés dans des timing différents par des puissances publiques différentes,
  • qu'ils agissent à des échelles de temps et d'espace différentes, et,
  • qu'ils utilisent des leviers de natures diverses.

Même si les notions de "prise en compte", de "compatibilité" ou de "conformité" sont de plus en plus utilisées pour créer des ponts entre des réglementations diverses, il est encore difficile d'éliminer toutes les contradictions entre les règles d'urbanisme et celles liées à la gestion de l'eau et des milieux aquatiques.

La gestion du temps

La ville évolue lentement et il est très difficile de revenir en arrière. Par exemple, les règles très souples qui ont, à une certaine époque, permis le développement urbain dans des zones exposées au risque d'inondation, vont avoir des conséquences pendant un grand nombre de décennies. Modifier le paradigme de gestion des eaux pluviales urbaines en favorisant sa rétention locale et son infiltration plutôt que son évacuation rapide prendra tout autant de temps pour porter ses fruits.

Or, dans une démocratie, le pouvoir politique est soumis au verdict des urnes qui se manifeste avec un temps de retour beaucoup plus court. La différence entre le temps long de l'efficacité (ou du caractère délétère) des règles mises en œuvre et le temps court des résultats attendus par les citoyens et leurs représentants peut conduire à choisir des règles qui visent plus une visibilité immédiate qu'une réelle efficacité à long terme.

En tout état de cause, la qualité de base d'une bonne gestion de l'urbanisation est la capacité à anticiper les problèmes. Il est donc nécessaire que les contraintes et avantages liés à l'eau soient pris en compte le plus en amont possible dans les études d'aménagement et la planification urbaine.

Pour en savoir plus :

Outils personnels